Privilégier la spécialisation ou la polyvalence pour se différencier en tant que designer ?

Cet article explore un débat crucial pour les designers : faut-il privilégier la polyvalence ou la spécialisation dans un secteur en constante évolution ? À travers une analyse des avantages et des défis de chaque approche, découvrez comment ces choix impactent les opportunités de carrière, la créativité et l’innovation dans le design.

17 oct. 2024

Carrière

5 min

Introduction

À l’heure où j’écris ces lignes, à la fin de 2024, le monde numérique évolue à un rythme toujours plus rapide. Chaque jour apporte son lot d’innovations. Le marché du travail, lui aussi, subit des transformations multiples et rapides, tandis que les attentes des entreprises ne cessent d’évoluer. En parallèle, l’intelligence artificielle bouleverse non seulement les esprits, mais également les pratiques des métiers créatifs. Face à ces bouleversements, comment les designers devraient-ils se positionner ?

Devraient-ils chercher à maîtriser une vaste gamme de compétences, ou au contraire, se spécialiser dans un domaine précis et devenir des experts ?

Quelle approche serait la plus judicieuse ?

Tentons d’y répondre.

Les mutations du marché et l’évolution des attentes.

Il n’est plus un secret pour personne que la technologie évolue, avec l’intelligence artificielle en tête de cette révolution. Ce constat me pousse à croire que les designers, comme tous les créateurs, doivent absolument développer une capacité d’adaptation sans précédent. En effet, dans ce contexte, une capacité d’apprentissage et d’appropriation des innovations semble constituer un atout majeur pour ceux qui aspirent à construire une carrière solide dans ce domaine. Une capacité d’adaptation donc, qui m’amène assez naturellement vers le mot polyvalence.

Polyvalence : Référence à la capacité d’acquérir des compétences variées dans plusieurs domaines distincts. À la capacité de travailler sur différents types de projets, en combinant plusieurs disciplines ou compétences, à l’aide d’une connaissance globale et large.


La polyvalence est ici un atout majeur. Elle permet aux créateurs de s’adapter aux besoins changeants des clients et des projets, tout en leur offrant de nouvelles opportunités. Par exemple, en maîtrisant des domaines variés comme l’identité visuelle, l’animation 3D et la création d’interfaces, ils peuvent naviguer entre plusieurs disciplines et élargir leur champ d’action.

Non négligeable, n’est ce pas ?

Polyvalence ou spécialisation ?

La polyvalence permet donc de s’adapter à des environnements variés et de traiter une grande diversité de projets. C’est un avantage certain. Mais est-ce qu’on ne risque pas à force de vouloir pousser toutes les portes, à finir par entrer dans aucunes d’elles ? En cherchant à en apprendre toujours plus sur un nombre croissant de sujets, on prend le risque de ne pas approfondir ceux qui, pourtant nous intéressent. C’est là que la question de la spécialisation entre en jeu.

Spécialisation : Consiste à se concentrer sur un domaine particulier et à développer une expertise approfondie dans ce domaine spécifique. Une capacité de focalisation sur une seule discipline ou compétence et y disposer d’un haut niveau de maîtrise.


Nous y sommes, l’opposition entre polyvalence et spécialisation. Car effectivement, le fait pour un designer d’acquérir un haut niveau de maîtrise dans un domaine précis, fait de lui, un expert et une référence, une personne capable de résoudre des problématiques complexes ou de mener des projets d’envergure.

Ici la spécialisation semble être un autre très bon avantage dans le marché, ouvrant la voie à des opportunités plus stratégiques, ambitieuses et par conséquent, mieux rémunérées.

Il semble ici y avoir un choix à faire.

Considérations économiques et projection sur l’avenir du design.

Avant tout, il est important de préciser que l’analyse qui suit est avant tout une analyse personnelle. Que ce que je vais proposer ici relève davantage d’habitudes qu’il me semble “sécuritaire” d’adopter afin de maximiser ses chances de persister dans ce domaine en constante évolution, plutôt que d’une véritable recherche de faits, basé sur des études et des observations.

Cultivez votre esprit critique, questionnez ce que vous lisez, et n’hésitez pas à me faire part de vos remarques si vous relevez des incohérences majeures ou des informations essentielles manquantes, qui auraient pu nuire à la qualité de cet article.

Impact économique : Spécialisation vs Polyvalence

Le choix entre spécialisation et polyvalence est également une question d’enjeux économiques. D’un côté, la spécialisation offre des perspectives financières plus élevées, mais elle peut entraîner une certaine instabilité, car elle nous limite à un type de projet ou de client spécifique. De l’autre, la polyvalence propose des revenus potentiellement plus modestes, mais assure une plus grande sécurité d’emploi grâce à la diversité des projets auxquels on peut contribuer.

Le choix à faire dépend donc de nos valeurs, de nos ambitions, de nos motivations, et du niveau de risque que nous sommes prêts à accepter.

Mais comme souvent dans des sujets complexes, la réponse est rarement noire ou blanche mais grise. Et le gris, c’est le modèle “T-shaped”. Concept popularisé dans les années 2000 par Tim Brown.

“Un designer doit être capable de faire des liens entre plusieurs domaines, mais aussi d’approfondir au moins une spécialité.” Tim Brown, CEO d’IDEO.


Un modèle hybride, qui repose sur une double compétence : une expertise approfondie dans un domaine spécifique (la barre verticale du “T”), combinée à une connaissance générale d’autres disciplines connexes (la barre horizontale). Ce profil, plus complexe à mettre en place, permet de bénéficier des avantages des deux approches.

Plus complexe car nous avons besoin de temps et d’énergie pour nous former en permanence, des ressources qui nous font parfois défaut. Complexe aussi, car il s’agit de trouver un équilibre entre une expertise approfondie et des compétences transversales, un équilibre qui, comme tout équilibre, est difficile à trouver.

Si vous disposez de suffisamment de temps et d’énergie, si vous vous sentez capable de trouver cet équilibre de compétences dans votre vie, et si vous êtes naturellement ouvert et curieux, alors n’hésitez pas. Ce modèle semble offrir un avantage stratégique majeur dans des environnements de travail où la collaboration et la flexibilité sont essentielles.

Dans le cas contraire, il vous faut faire un choix éclairé sur la question. Voyons comment vous le pouvez.

Comment faire son choix ?

Le choix entre spécialisation et polyvalence dépend de plusieurs facteurs, à la fois personnels et professionnels : rémunération, objectifs, style, contexte professionnel, capacité d’apprentissage, tolérance à l’incertitude.

Si vous êtes passionné par un seul domaine et ses spécialités, si vous aimez explorer en profondeur le sujet qui vous intéresse, et si vous avez du mal à vous ouvrir à des thèmes radicalement différents de ceux que vous pratiquez déjà, alors la voie de la spécialisation semble plus adaptée à votre profil.

Si vous êtes naturellement curieux et que vous avez tendance à toucher à tout, si vous aimez évoluer dans des environnements de travail variés et si vous avez une faible tolérance à l’incertitude économique, alors la polyvalence pourrait mieux vous convenir.

Posez vous les questions suivantes

  • Approfondir vos connaissances ou explorer divers domaines de compétences ?

  • Résolution de problèmes complexes ou adaptation à différents types de projets ?

  • Aspirer à devenir un expert reconnu ou à occuper un rôle flexible ?

  • Travailler dans une structure axé sur l’expertise ou la diversité des projets ?

Conclusion

Le choix entre spécialisation et polyvalence dépend en fin de compte de vos aspirations personnelles, de votre style de travail et de votre personnalité. Qu’il s’agisse de devenir un expert dans un domaine précis du design, d’acquérir une gamme diversifiée de compétences ou de tenter d’accumuler les deux via le modèle “T-Shaped”, il est essentiel de rester flexible, d’évaluer régulièrement et tout au long de votre carrière vos objectifs et comment ils peuvent servir le marché.

L’adaptabilité, l’apprentissage continu et la réflexion vous aideront, selon moi, à prendre de meilleure décision pour votre carrière.